Viande cultivée interdite dans les cantines publiques en France ?

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La France nous surprend avec une nouvelle étonnante : une première interdiction de la viande cultivée. Alors que cette dernière est considérée comme une solution à l'impact écologique de l'élevage, les récents débats sur la loi climat ont mené à son interdiction dans les cantines publiques. Comment cette interdiction est-elle survenue ? 

Le sujet de la viande cultivée est apparu d’une façon inattendue lors d’une discussion sur les repas végétariens à l’école. Un amendement puis un article visant à interdire la viande cultivée dans les cantines ont été votés. Cependant la loi n'est pas encore en vigueur : il reste l'étape du Sénat, la deuxième chambre du Parlement, et un probable contrôle de constitutionnalité de cet article qui n'a clairement pas de rapport avec le texte de loi, et qui pourrait donc être censuré.

Un entretien avec Nathalie Rolland, présidente de Agriculture Cellulaire France, nous aide à mieux comprendre les raisons de cette interdiction.

Les conservateurs ont été influencés par des motivations électoralistes et un intense travail de lobbying des industries du secteur de la viande conventionnelle, qui ne voient pas l'arrivée de protéines alternatives d’un bon œil et qui cherchent à préserver leurs intérêts.

Nathalie Rolland
Présidente de Agriculture Cellulaire France
  • D'où vient cette résistance à la viande cultivée ? Attendez-vous plus de ces initiatives politiques en France ?

Il ne fait guère de doute que cette résistance provient initialement de membres d'un parti très conservateur, qui ont réussi à convaincre par la peur et la confusion d'autres politiques, qui n'étaient vraisemblablement pas informés sur le sujet ou qui prônent un certain naturaliste dogmatique. Les conservateurs ont été influencés par des motivations électoralistes et un intense travail de lobbying des industries du secteur de la viande conventionnelle, qui ne voient pas l'arrivée de protéines alternatives d’un bon œil et qui cherchent à préserver leurs intérêts. Nous avons pu constater lors des discussions qu’ils n’avaient aucune connaissance en la matière : ces personnes ne semblaient pas être au courant des potentiels bénéfices de cette nouvelle viande. Il est à noter qu'aucun des spécialistes du sujet n’a été consulté lors du travail en amont de ce vote.

 

  • Il est frappant que quelque chose soit interdit même s'il n'existe pas encore commercialement. Vous attendez-vous à des problèmes avec l'introduction sur le marché de la viande cultivée en France ?

C’est en effet étonnant et surtout très décevant de rejeter un domaine en développement alors que celui-ci pourrait représenter une solution efficace aux problèmes actuels de notre approvisionnement en protéines. Nous nous attendons à ce que des personnes non informées ou des groupes qui défendent leurs intérêts financiers cherchent à entraver le développement de ces produits et leur commercialisation. Cependant nous pensons aussi que de nombreuses personnes, conscientes des nouvelles attentes des consommateurs et des besoins des acteurs de l'industrie agroalimentaire, soutiendront ce domaine. Nous n’avons pas le choix. La France a un déficit protéique, l’élevage industriel montre ses limites et l'extensif a des capacités de production limitées.

 

  • Si la résistance provient d’un sentiment de menace pour les traditions et l'identité françaises, la viande cultivée pourrait-elle aussi être un produit « français »?

C’est ce que nous pensons, et c’est pourquoi nous soutenons les entreprises françaises, comme Gourmey qui travaille sur la production de foie gras ou Vital Meat qui travaille sur de la viande de volaille, et celles à venir. La France a toutes les ressources, les talents nécessaires et le savoir-faire pour développer une filière française d’excellence de développement de viande cultivée.

 

  • Quelles initiatives Agriculture Cellulaire France va-t-elle prendre maintenant ?

Le travail de sensibilisation que nous faisons prend du temps. Nous allons continuer à informer et à encourager la recherche. De plus en plus d'organisations, écoles, entreprises, ONG, journalistes nous contactent pour se renseigner sur le sujet. Nous avons également de nouvelles personnes qui soutiennent notre démarche chaque jour.