Comment la nouvelle Commission européenne peut renforcer la compétitivité de l’UE en diversifiant les sources de protéines
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Avec l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne, une opportunité unique se présente pour combler une lacune majeure dans les politiques actuelles. Cet enjeu pourrait permettre de relever certains des plus grands défis de l’Union européenne. Alors que la présidente Ursula von der Leyen et les 26 nouveaux commissaires affrontent un avenir incertain, soutenir les efforts de diversification de l’approvisionnement en protéines en Europe pourrait jouer un rôle clé. Cette initiative offrirait non seulement une perspective d’avenir plus sûre, mais renforcerait également la compétitivité internationale de l’Europe. Le secteur émergent des protéines alternatives ou complémentaires pourrait, à lui seul, créer jusqu’à 9,8 millions d’emplois d’ici 2050.
Le potentiel des protéines alternatives
L’Europe, forte de certaines des meilleures universités au monde et d’une culture de recherche universitaire florissante, a tout le potentiel pour devenir un leader mondial dans le domaine des protéines alternatives. Cependant, les entrepreneurs européens rencontrent souvent des difficultés à transformer les percées scientifiques en produits commercialisables. Par ailleurs, de nombreuses régions d’Europe manquent d’infrastructures à grande échelle pour soutenir l’augmentation de la production. Cette situation risque de freiner les innovations prometteuses, qui pourraient rester bloquées au stade de développement ou voir leur production délocalisée à l’étranger.
Pour éviter cela, la biotechnologie alimentaire doit être placée au cœur des initiatives politiques futures, telles que le Clean Industrial Deal, l’European Biotech Act et la stratégie bioéconomique révisée. En investissant dans les chercheurs, en développant les infrastructures et en renforçant le cadre réglementaire, l’Union européenne peut non seulement consolider son statut de leader mondial en biotechnologie alimentaire, mais également accélérer la diversification des sources de protéines en multipliant les opportunités. Cette approche garantit un avenir à la fois durable et compétitif, tout en offrant aux consommateurs européens un choix élargi d’aliments accessibles, respectueux de l’environnement et exempts de souffrance animale.
Une solution à la crise foncière
Au-delà de ses avantages économiques, la diversification des sources de protéines constitue une réponse à la crise foncière en Europe. Les terres agricoles disponibles se raréfient, tandis que les besoins en espaces pour l’agriculture, la production d’énergie et la restauration de la nature ne cessent de croître. La dépendance actuelle à l’élevage intensif n’est pas viable, que ce soit pour le bien-être animal, la sécurité alimentaire ou la préservation de l’environnement.
Les protéines alternatives, telles que les produits à base de plantes, les ingrédients issus de la fermentation ou la viande cultivée, offrent des solutions concrètes à ces enjeux. En optimisant l’utilisation des ressources, ces innovations pourraient remplacer jusqu’à deux tiers des produits d’origine animale en Europe d’ici 2050. Les terres ainsi libérées pourraient être réaffectées à trois priorités majeures :
- La sécurité alimentaire : favoriser la production de cultures destinées directement à la consommation humaine.
- La restauration de la nature : encourager l’extension des forêts et des zones humides, qui jouent un rôle essentiel comme puits de carbone naturels.
- L’agriculture agro-écologique : promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de la biodiversité et capables d’améliorer le stockage du carbone.
Dans un scénario hautement innovant, l’Europe pourrait atteindre une autosuffisance totale en matière d’utilisation des terres. Cela permettrait de soutenir financièrement les agriculteurs dans leur transition vers des pratiques plus durables, tout en contribuant aux objectifs clés de l’UE, tels que la conversion de 25 % des terres à l’agriculture biologique et la restauration des habitats conformément à la loi européenne sur la restauration de la nature. Par ailleurs, une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre limiterait le besoin de recourir à des technologies coûteuses comme la capture du carbone, générant ainsi des économies de plusieurs milliards d’euros chaque année.
Stimuler l’innovation
La réussite de cette transition repose sur la mise en place de mesures politiques ciblées. Des investissements dans la recherche et le développement, des procédures d’approbation rapides et sûres pour des produits innovants tels que la viande cultivée, ainsi qu’un soutien financier accru pour les agriculteurs sont essentiels. Ces derniers pourraient être récompensés pour des pratiques durables et une gestion des terres respectueuse de la nature, les encourageant ainsi à s’engager pleinement dans ce changement.
Des avantages multiples
La transition vers les protéines alternatives ne se limite pas aux avantages économiques et écologiques : elle ouvre également la voie à de nouvelles opportunités sociales. Elle rend envisageable un avenir où production alimentaire, bien-être animal, préservation de la nature et développement rural coexistent en harmonie. Les consommateurs européens pourront ainsi profiter d’aliments durables, abordables et exempts de souffrance animale.
Conclusion
La transition vers une diversification des protéines représente un défi à la fois politique et sociétal. Néanmoins, avec des mesures appropriées, l’Europe peut s’imposer comme un leader mondial en matière de production alimentaire durable. Une telle transformation ne renforcera pas seulement la compétitivité de l’Union européenne, mais bénéficiera également aux humains, aux animaux et à la planète
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Sources :
- https://www.climateworks.org/wp-content/uploads/2021/11/GINAs-Protein-Diversity.pdf
- https://agriculture.ec.europa.eu/common-agricultural-policy/cap-overview/main-initiatives-strategic-dialogue-future-eu-agriculture_en
- https://green-alliance.org.uk/publication/a-new-land-dividend-the-opportunity-of-alternative-proteins-in-europe/