La nouvelle loi adoptée par le gouvernement de Georgio Meloni paralyse l'innovation

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L'Italie a récemment interdit la production et la vente de viande cultivée, devenant ainsi le tout premier pays de l'UE à prendre une telle mesure. 

En novembre dernier, la chambre basse du Parlement italien a approuvé cette mesure pourtant controversée. Le Gouvernement justifie ce texte par la nécessité de "protéger" les éleveurs du pays. 

La loi interdit aussi l'utilisation de termes comme « steak » et « salami » pour les substituts de viande d'origine végétale. Selon le Good Food Institute (GFI) Europe, environ la moitié de la population italienne consomme ces alternatives. En termes de chiffre d’affaires généré par ces dernières, l'Italie se place au troisième rang des pays de l'UE. Leurs ventes ont même enregistré une hausse de 21 % entre 2020 et 2021. 

Parallèlement, de nombreux Italiens ont exprimé le souhait d'essayer la viande cultivée lorsqu'elle sera disponible sur le marché. Le gouvernement leur a toutefois refusé cette possibilité, lésant au passage les entreprises italiennes de ce nouveau secteur. 

Tout aussi opposé à la viande cultivée, le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie a soumis un projet de loi visant à l’interdire. La France étant le premier exportateur européen de viande de bœuf, cette interdiction peut être envisagée comme un moyen de protéger l’élevage bovin national. La Fédération Nationale Bovine a d’ailleurs salué l'initiative. À l'Assemblée nationale, le financement par Bpifrance de deux entreprises françaises de viande cultivée, Vital Meat et Gourmey, a même été abordé. 

Néanmoins, plusieurs pays, parmi lesquels les États-Unis, le Japon, la Suisse, le Royaume-Uni, la Chine, Israël, Singapour et les Pays-Bas, considèrent la viande cultivée comme une alternative prometteuse à la production industrielle de viande. Soulignons qu’au niveau mondial, l'élevage intensif est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Il contribue de plus à l’érosion de la biodiversité tout en imposant à des milliards d'animaux des conditions de vie misérables. 

La vente de viande cultivée est déjà autorisée à Singapour et aux États-Unis. Si ce n'est pas encore le cas dans l'Union européenne, plusieurs États membres ont cependant débloqué des fonds pour financer la recherche dans ce domaine. Parmi eux figurent les Pays-Bas, qui ambitionnent de devenir un pionnier de l’agriculture cellulaire. En 2022, le gouvernement néerlandais a annoncé l’allocation de 60 millions d'euros à la recherche, à l'éducation et à l’expansion de la production. Parallèlement, un consortium composé de 12 organisations et startups a été formé sous le nom de Cellular Agriculture Netherlands. Il inclut entre autres l'Université de Wageningen, l'Université technique de Delft, Meatable et Respect Farms (qui pourrait devenir la première ferme productrice de viande cultivée). 

Notons que l'UE considère la viande cultivée comme un « nouvel aliment », ce qui signifie que celle-ci devra faire l’objet d’une évaluation scientifique avant d’être autorisée sur le marché européen. L’entreprise Aleph Farms a récemment introduit une demande d'autorisation en Suisse et au Royaume-Uni. Cette demande est actuellement soumise à une procédure rigoureuse visant à assurer la sûreté du produit avant sa commercialisation. 

Il va sans dire que l'interdiction de la production et de la vente de viande cultivée adoptée par le gouvernement italien risque de compromettre à la fois l'innovation et l'emploi dans le pays. En outre, cette mesure entrave la lutte contre le changement climatique et restreint la liberté de choix des consommateurs.

 

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